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Il y a 40 ans, était signée l’ordonnance sur « la participation des salariés aux fruits de l'expansion des entreprises. » Mise en œuvre après la crise de 1968, la  participation gaullienne devait libérer les salariés  de l’asservissement financier d’un capitalisme agressif et les immuniser contre la tentation communiste. Il semble que n’ont pas encore été découverts les bons chemins conduisant à la réconciliation du capital et du travail ! Rapports et projets sont régulièrement pensés, étudiés, ajournés, repris…comme si quatre décenies plus tard, n’avait pas été atteint l’objectif initial.

 Parmi les dernières réformes envisagées, les entreprises seraient fiscalement incitées à  distribuer un « dividende du travail » à l’ensemble des salariés, sous la forme d’actions, de suppléments de participation ou d’intéressement.  Ces actions, qui pourraient être versées sur un PEE, devraient  renforcer capital de l’entreprise et actionnariat salarié. Par ailleurs, les salariés seraient plus impliqués dans  la gestion de l’entreprise, par le biais de représentants au conseil d’administration...

Cette nouveauté sera-t-elle « le turbo de cohésion sociale et de dynamisme économique », évoqué par nos ministres ? Répondra-t-elle à «l’impératif besoin de conjuguer les intérêts communs des salariés et des actionnaires » ?

*   Ce serait  un moyen de contribuer à la stabilité du capital, en s’appuyant sur un actionnaire par nature stable et fidèle, puisque « tenu » par le salaire. 

Mais quelle peut être la puissance de l’actionnariat salarié pour jouer un rôle décisif sur la bourse ? Pour les sociétés cotées, la part de capital proposé aux salariés – voir les sociétés privatisées –  empêche toute mise en cause des pouvoirs des actionnaires institutionnels : les associations d’actionnaires minoritaires  cherchant à faire valoir leurs droits en témoignent !

*   On avance aussi que ce serait une façon plus équitable de répartir la richesse créée et donc d’améliorer la qualité des relations sociales, à moyen et long terme.

L’argument est vrai s’il n’est pas contredit quotidiennement par une recherche effrénée des profits à court terme, qui inquiète les salariés, déstabilise l’entreprise et risque de se réaliser au détriment du long terme.

*   L’actionnariat aurait valeur éducative, en éveillant l’intérêt des salariés à la gestion  d’un patrimoine.

Lorsque le capital de l'entreprise est négociable en bourse, tout salarié peut en acheter des titres. Il agit alors plus en épargnant, confiant dans la valeur des titres acquis, qu'en entrepreneur décidé à exercer un pouvoir réel. Aussi faut-il le laisser libre d'acheter là ou ailleurs, non l'y obliger par des offres préférentielles telles qu'il perdrait un avantage notable s'il n'y souscrivait pas. Gérer son patrimoine, c'est d'abord exercer une liberté!  De plus, est il bon d’avoir «tous les œufs dans le même panier » ? Salaire et épargne ne doivent pas être solidaires. C’est un principe de saine gestion.

*   L’actionnariat salarié créerait un sentiment d’appartenance, une meilleure compréhension des objectifs...

 Cela peut être vrai si, au jour le jour, les dirigeants par leurs modes de fonctionnement ont le souci d’impliquer les personnes dans les décisions qui les concernent : l’implication est le fruit de multiples actions réfléchies du management à tous les niveaux pour valoriser le personnel.

Les personnes sont elles dans la situation où elles ont intérêt à apporter le meilleur d’elles-mêmes, à prendre part – à participer- à l’œuvre commune ?  
 Toute tentative de faire participer au capital qui ne commence pas par donner à chacun les pouvoirs de sa responsabilité, les moyens d’assumer correctement sa mission  est un leurre, parce que

la participation  n’est pas d’abord,
n'est
pas qu'une question
de gros sous et de magot à partager.

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