C’est très « tendance ».Importée principalement des Etats-Unis, d'Angleterre et du Japon, la dog attitude serait-elle en passe de devenir la marque comportementale des humains-bipèdes-à-poil du 21e siècle ?

« Commander un taxi pour son chien, l'inscrire dans une halte-garderie pour qu'il ne reste pas seul toute la journée et joue en compagnie d'autres animaux, aller faire ses courses dans une grande surface dédiée à l'animal …sur plusieurs milliers de mètres carrés »…

Du prêt à porter canin, aux gammes de cosmétiques, produits de toilettage et autres parfums, des aliments bio aux chambres d’hôtel pour chiens ou chats …tels sont les fruits d’un désordre mental certain consistant à assimiler l’animal à l’homme, ou du moins d’une sensiblerie exacerbée, intelligemment exploitée à des fins commerciales.

La lecture de cet article très sérieux nous conduit, non sans plaisir, à publier sur notre site, un billet d’humeur paru il y a quelques années dans le Fil Directeur, lettre de liaison de CPEconseil. Il pose clairement la question de savoir si, sans aller jusqu’à la dog attitude, il ne serait pas opportun dans certaines entreprises, de traiter les collaborateurs comme des chiens ?

Un quart d'heure, pas moins; c'était le temps qu'il prenait tous les matins pour sortir le chien. Il profitait de ce tête-à-gueule pour prendre pied dans sa nouvelle journée, faisant même parfois part de ses idées à l'animal qui, lui, jouait, allait, venait, cherchait la caresse, repartait et trouvait l'endroit pour, levant la patte, vider sa conscience.

Au bureau, le collaborateur n'avait pas cette chance; le tête-à-tête n'avait pas cours: le patron était trop occupé pour qu'on le dérange; et quand il provoquait un entretien, ce n'était généralement pas pour des compliments. L'habitude était prise, et tous les matins, le collaborateur vidait sa conscience pleine de questions sans réponses, d'idées, de projets et de doutes, au hasard d'un couloir, à la cafet' ou dans l'ascenseur.

Après la douche, le fidèle toutou apportait le journal au patron. Geste qui l'émouvait toujours et dont il lui était très reconnaissant. Merci le chien, caresse, susucre, recaresse...

Tous les matins, la secrétaire lui apportait la revue de presse... rien; le café... rien; le courrier du matin... rien; le courrier de la veille à signer... toujours rien, jamais rien.

A la maison, quand se pointaient facteur, plombier ou amis et que le chien grognait à les mordre, c'était évidemment de la faute de ces gens qui ne comprenaient pas les bêtes.

Quand un client, un fournisseur, un illustre inconnu qui avait rendez-vous, aboyait sur la standardiste, c'était toujours elle la fautive; ne manquait-t-elle pas d'ailleurs de ce nécessaire sens de l'accueil et du service? Bref, à la niche...

La gamelle était un rite; seul le maître était habilité à la servir et il savait quelles étaient les croquettes préférées de son corniaud.

En dix ans de collaboration, jamais la collaboratrice n'avait déjeuné avec son patron. Elle avait quand même droit à la boîte de chocolats de premier de l'an. "Je sais que vous n'en prenez pas, mais on les commande en gros, vous les donnerez à votre mari..." lui disait-il depuis quatre ans.

Quand il s'habillait, il suffisait de quelques jappements pour qu'il l'accepte comme compagnon de promenade.

Mais pour une réunion avec des clients, il ne voyait pas pourquoi s'embarrasser du responsable; il connaissait les dossiers aussi bien que lui.

Si le chien n'était pas en forme, son maître ne l'emmenait pas chasser.

Noble attention qui ne transparaissait jamais au boulot quand le boss demandait à l'équipe de rester plus tard pour donner l'habituel dernier coup de collier.

A la chasse, il assurait le suivi. "Allez, cherche, vas-y, bravo, encore, c'est bien..."

A ses commerciaux, il avait fixé des quotas annuels. Débrouillez - vous...

Le chien rapportait une bécasse. C'était un bon chien-chien.

Le commercial signait un bon contrat. C'était normal.

Le chien perdait la piste, c'était le temps, le vent ou le gibier...

Louper un prospect, c'était de l'incompétence.

Le repas de chasse terminé, on gardait précieusement les os pour le méritant clébard.

A l'heure des comptes et de la distribution, il n'y avait ni os ni restes... car "là-haut, ils n'ont pas voulu".

Vieux, le chien ne sortait plus, n'allait plus au chenil, et l'hiver restait au coin du feu. Fidèle en amitié et reconnaissant, le patron n'avait pas piqué son chien après des années de compagnonnage.

Le collaborateur, lui, n'était jamais sûr de ne pas se retrouver à la S.P.A.. .ssedic.

Un soir, tout s'écroula pour ce patron quand il trouva chez lui, au coin du feu, couché en rond dans le panier du chien, son meilleur commercial qui, avec de grands yeux de cocker, tenait dans sa gueule sa lettre de démission.

Si votre collaborateur grogne sur votre passage, s'il entre en aboyant dans votre bureau, si votre secrétaire vous mord le mollet, vous comprendrez peut-être qu'il est urgent qu'enfin vous les traitiez comme des chiens!

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