cadre et syndiqué...à la demande de la direction ?

Jeune cadre, chef de service dans une institution d’assurance, sa direction lui demande de se syndiquer pour pouvoir se présenter au premier tour des élections professionnelles ; il s’agit de contrer la montée en puissance d’une organisation dont l’objectif premier est, le moins qu’on puisse dire,  tout autre que la satisfaction des clients…

Mal à l’aise avec  la demande quelque peu pressante de ses supérieurs, il ne sait que répondre. Refusant, il craint de se mettre à dos sa direction, acceptant il se rend compte de l’ambiguïté de son rôle…Nous l’aidons à sa propre réflexion…afin de l’aider à faire réfléchir sa direction.

 Voilà une orientation de direction qui peut avoir des conséquences fâcheuses pour l’entreprise, les personnes…et handicaper l’avenir professionnel d’un jeune débutant.

 1 - Prendre une carte syndicale pour officiellement représenter un syndicat dans l’entreprise, n’est-ce pas opter pour l’esprit de partie, éventuellement de parti ?

Comme tout manager à quelque niveau que ce soit, le cadre, n’est-il pas le représentant du bien commun, de l'intérêt général de l’entreprise (les clients, les résultats dans la durée)?

Les deux fonctions sont elles donc conciliables ?

 2 – Votre tâche - fédérer et conduire votre équipe tout en collaborant avec l’ensemble du management – est elle compatible avec celle de patron de syndicat, donc d’une fraction?

Le fait de représenter le syndicat accroît-il ou fragilise-t-il votre crédibilité de chef de service à l’égard de vos collaborateurs ? A l’égard de vos collègues ?

 3 –Votre disponibilité vous autorise-t-elle à consacrer du temps aux activités de représentation sans que votre équipe en souffre ?

 4 –De la part des autres syndicats, quel sera le jugement porté sur vous ? Sur votre direction ?

Quelle interprétation sera donnée à cet événement ?

 5 –Une telle décision est-elle de nature à renforcer la cohésion dans l’entreprise ?

 6 - Les directives de « votre » syndicat ne risquent-elles pas de vous mettre parfois en porte à faux avec   l’entreprise ?

 7 – Dans l’hypothèse où vous êtes élu sur la liste du syndicat « infiltré », qu’allez-vous faire ?

Irez-vous jusqu’à exercer des pressions sur la direction ? On peut y être contraint pour ne pas passer pour un « jaune », un « suppôt du patron », un  « vendu de la direction » ! Mais alors, qu'en est-il de la loyauté du manager à l'égard de sa direction?

 8- Comment la direction va-t-elle agir ?

Accorder à « votre » syndicat des avantages (infos prioritaires, par exemple) qui seront refusés aux autres, pour asseoir sa légitimité ?

Privilégier « votre » syndicat…au détriment éventuel du management, comme les entreprises l’ont si bien fait pendant des décennies ?

Conclusion

 Ces questions ne se poseraient pas s’il s’agissait de se présenter en candidat libre (hors listes syndicales) au 2ème tour. Mais là n’est pas la préoccupation de la direction.

 Ne voyez pas dans ces « interpellations » un refus du syndicalisme ; l’adhésion à un syndicat ne nous choque pas, si elle reste, pour un manager, un engagement personnel ne conduisant pas à des fonctions de "direction" syndicale.

 Attirez l’attention de vos supérieurs sur le fait que le meilleur moyen d’éviter ces situations est de renforcer le rôle des managers de proximité en leur donnant de réels moyens de prendre en charge et de régler tout ce qui touche leur personnel.

 Les syndicats français ne sont forts que de la faiblesse des dirigeants et des managers.


Répondre à cet article