Management d'entreprise : acquérir le savoir-faire pour donner intérêt à bien faire

Ce qui me gêne dans les analyses approfondies sur l'être humain, qu'elle soit celle de l'erreur et de la conduite de la part du patron ou du salarié à adopter face à l'erreur est la dissection qui est opérée. On ne regarde plus l'être humain le prochain créé par Dieu votre frère comme vous, on analyse des matériaux qui composent l'être humain, on s'approprie la matière et on essaie de la faire fonctionner comme un robot pour améliorer la conduite, la marche, la rentabilité. Dans les année 70, où la société avait quand même été formée au catéchisme et il y avait une société "religieuse", tout aussi se mettait en place et on appréciait le travail et les initiatives de chacun dans les domaines commercial, technique; après on s'est mis à inventer les relations humaines. C'était un concept valorisant, privilégier les relations entre les hommes dans l'entreprise, les faire adhérer à un projet commun. C'était comme avancer vers un monde parfait dans une société qui enrichie enrichirait à son tour les hommes qui appartenaient à cette entreprise.

Le jour où l'on a créé les ressources humaines, j'ai été très gênée, perturbée par ce terme. Je ne voyais pas d'abord pour quel motif modifier le terme relations par ressources. Il est vrai que le terme ressources faisait plus riche, était en théorie plus profond. Mais la réalité qui se cachait derrièe ce terme était de puiser dans les richesses matérielles des hommes et non plus physiques, mais mentales, pour le résultat qu'ils deviennent des instruments destinés à produire de la richesse pour l'entreprise. Finalement, c'est une autre manière que dans la mine, avec l'esprit.

La religion chrétienne disparaissant, moins on apprécie le prochain, plus on décortique son savoir, sa personnalité pour en faire un instrument au service d'une société, et on laisse à l'appréciation de divers échelons avec des outils soit-disant performants des grilles d'appréciation, des entretiens d'évaluation, des tests d'aptitude, des compétences, des mots savants et théoriquement valorisants comme ils ont voulu l'être lorsqu'ils ont été créés, mais qui n'ont que le sens de vouloir posséder non plus l'âme, car il n'y a plus d'âme, mais la personne, outil humain, dans son intégralité, pour l'utilisation toujours plus parfaite destinée à enrichir l'entreprise et ses dirigeants dans un jeu fantastique d'appropriation de plus de richesses.

Entièrement d'accord. Les techniques d'évaluatrion telles qu'elles se développent aboutissent à une robotisation de l'homme, décomposé en multiples rouages et fonctions à vocaton opérationnelle. La notation d'un agent, cette fameuse note synthètique, littéraire et non quantifiée, qualifiée parfois de "note de gueule" reposait justement sur une relation d'homme à homme. Il fallait savoir la relativiser, faire la part du subjectif, mais elle restait dans la vérité des rapports de personne à personne. Aujourd'hui, y compris dans la fonction publique, qui singe le secteur privé, (sans l'excuse de la logique des chiffres)on veut quantifier toutes les qualités d'un agent. On dispose d'une batterie de quelques dizaines de critères qui sont sensés recouvrir le spectre de la personnalité professionnelle d'un agent Et le reste...? Notre époque est celle de l'anti-humanisme:Staline et Hitler peuvent ricaner de leur chaudière; leur monde continue.