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Un sondage auprès d’élèves du niveau du Collège révèle qu’une large majorité des enfants redoute un professeur manquant d’autorité, laxiste et injuste.

  
Attrapée au hasard d’une radio, cette information m’a rappelé une anecdote survenue à un ami, il y a une vingtaine d’années. Son fils, en 6ème, revenait régulièrement des cours d’anglais avec des listes de verbes irréguliers  à copier en guise de punition collective. Le père suivait de l’œil la situation. A la énième édition, il s’enquit plus avant  de ce qui se passait. Et le gamin de répondre :
   - Tu sais, à chaque cours avec les copains on décide qu’on ne va pas chahuter, mais elle le cherche !
   Délicieux enfants qui sentent parfaitement jusqu’où ils peuvent aller très loin quand fait défaut cette qualité de rayonnement personnel qu’est l’autorité !

   Après plusieurs décennies de rejet, est prônée la nécessité de l’autorité ! On est loin du slogan de 68 « il est interdit d’interdire » ou de la profession de foi du  Projet socialiste pour la France des années 80  : «La crise de l’autorité est une des dimensions majeures de la crise du capitalisme avancé… Le maître d’école, le patron, le père, le mari, le chef, grand ou petit, voilà désormais l’ennemi…L’existence de cette crise est positive… ».
   Propos criminels qui, au vu des conséquences, mériteraient d’interdire de toute tribune publique ou activité sociale ceux qui les ont tenus, encouragés et diffusés.   
   Combien de parents, professeurs, cadres et dirigeants …ont douté de leur mission, de leur devoir de diriger, orienter, éduquer sous l’effet des coups de boutoir des médias, des psycho-machin-choses, des pouvoirs publics, des syndicats !

   Aujourd’hui, la fonction sociale et particulièrement éducative de l’autorité n’est plus niée. Que de drames aurait-on évité si au lieu de suivre idéologues et apprentis sorciers pédagogues, avaient été observés les faits et écoutés les  anciens !
   Aristote n’affirmait-il pas avec force, qu’elle était naturellement indispensable aux sociétés humaines ?
   Où, plus que dans  l’éducation a-t-elle un rôle fondateur et bénéfique ?
   Eduquer signifie étymologiquement mener à bien, conduire hors de, avec l’idée de développer les potentiels, c’est à dire de permettre à l’enfant de devenir ce qu’il est ? 
   Comment pourrait-on le faire sans autorité (auctoritas), cette faculté qui est le propre de l’auteur (auctor), celui qui fait croître, augmente (augere) ?

   Bien sûr, toute autorité impose une discipline contraignante et ne considérer que cet aspect conduit à la rejeter. 
Mais nous savons d’expérience qu’il n’y a pas d’accroissement, de valorisation, de création sans effort et contrainte ; que l’activité soit sportive, artistique, intellectuelle, spirituelle, scientifique, sociale…

   Un professeur, un patron d’équipe manquant d’autorité, quelle que soit leur expertise, ne peuvent faire grandir, mener hors de (ex ducere), aider à dépasser et à vaincre les obstacles. Les conséquences en sont le laisser aller ou le  dressage : laxisme et démagogie ou autoritarisme, qui n’est que le signe d’une carence d’autorité naturelle compensée par un abus de pouvoirs…ou de galons. Il s’ensuit atrophie des personnalités et des potentiels, anarchie sociale ou totalitarisme ; dans les deux cas, injustice.

   Les autorités vraies sont porteuses de valeur ajoutée en ce qu’elles aident,  donnent des points de repère, sont créatrices de liens et facilitent l’acquisition de nouvelles facultés, de nouveaux pouvoirs, et peut-on oser ? de nouvelles libertés !

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