Si vous exercez une fonction-clé, la première chose à faire est d’être attentif à vos manières d’agir et  plus simplement de regarder sur votre bureau, dans le dossier “en attente” ou “à faire”...en gardant à l’esprit que généralement les bouchons sont au sommet des bouteilles !

    Les bouchons existent dans toute organisation, quelle que soit la taille. Il y a bouchon chaque fois qu’une personne-clé manque à une tâche essentielle. La cause peut en être l’indécision, le je-m’en-foutisme, l’erreur sur les priorités, l’entêtement ou la surcharge. Mais l’effet est toujours le même : un gaspillage de temps et d’énergie pour tout un groupe, le découragement et la démotivation pour chacun. Les “  bouchons ”, le plus souvent, ne réalisent pas combien ces carences contrecarrent les efforts des subordonnés ou des collègues :
Le chef qui ne dit ni oui ni non à une nouvelle idée...
Le service qui exige toujours plus de papiers ou de devis avant d’intervenir ou d’enregistrer un projet...
Le patron qui se plaît à ne trouver qu’imperfections...
Le collègue qui empiète sans cesse sur vos plates-bandes...
Le chef de département qui exige d’être consulté sur toute initiative prise par ses subordonnés, mais n’est jamais disponible...
La liste est sans fin.
 
   L’effet bouchon peut être le fait d’une personne débordée.
   Il peut l’être aussi d’une personne qui n’a pas assez à faire. Alors elle amasse, s’agite, court-circuite, met en réserve, bloque...pour persuader son entourage (et souvent elle-même !) qu’elle est très occupée. Comme un ivrogne couve sa bouteille, elle peut couver un projet  ou un idée sans fin. Dans ce cas la solution est simple * : donner plus à faire, imposer des délais, assurer un suivi de très grande proximité. De façon surprenante, cela agit comme le ferait un purgatif sur un circuit obstrué.

   Dans de nombreuses entreprises, que les bouchons-bourreaux  soient collègues ou supérieurs tatillons et bureaucrates, les victimes n’ont que des moyens d’action limités : cris, harcèlement, cajoleries, rappels à l’ordre, téléphones, notes et mémos... L’usage intensif de ces “outils”  peut permettre de faire sauter le bouchon, surtout si les actions sont menées conjointement  et, mieux, de manière concertée, par les différentes victimes. Mais la méthode est perverse : “se mobiliser contre” n’est pas favorable  au travail d’équipe ; de telles pratiques débouchent inévitablement sur la création de clans ; enfin suivant la “qualité”du bouchon, le jeu est périlleux !

   L’effet bouchon est beaucoup plus limité, et dans tous les cas, plus facile à neutraliser dans une entreprise où les dirigeants ont adopté une politique qui encourage des  modes de fonctionnement donnant intérêt à chacun  à agir au profit des autres :
- par la mise en oeuvre de critères d’évaluation des services rendus dans le but de promouvoir la force de valorisation, la force de cohésion, la force de proposition et de critique ;
- par la pratique du “recours”, qui permet , en cas de blocage, de faire appel à un arbitre ; cette manière de faire est, il faut le noter, en conformité totale avec
les critères mentionnés ci dessus ;
- par la présence sur le terrain des dirigeants qui, s’inquiétant du “comment ça va ?”, favorisent le recours et peuvent percevoir les faiblesses de fonctionnement.



* * si le bouchon n’est pas trop haut placé !





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