Une chronique du Figaro économie faisait état des réflexions de Monsieur Elie Cohen, professeur à l'université Paris-Dauphine, suite au "scandale Enron", aux U.S.
Il met directement en cause les orientations actuelles d'un grand nombre d'entreprises.


Le mythe de la croissance infinie : "L'évolution des performances est supposée s'effectuer sur le mode d'une croissance ininterrompue. Dès lors, la baisse du taux de croissance ou sa progression insuffisante apparaissent comme le symptôme d'un grave échec des dirigeants justifiant une sévère sanction par le "marché".

Toujours plus :... "Il est demandé aux dirigeants de s'engager en affichant des objectifs de résultats dont une réalisation partielle pourra être également interprétée comme un signe d'échec et justifiera aussi une sanction".

Court terme : ..." Enfin, le rythme auquel les résultats sont dégagés est supposé marqué par...la rassurante régularité d'une progression continue de trimestre en trimestre".
Ces orientations ont leurs conséquences : "En soumettant les entreprises cotées et leurs dirigeants à des impératifs aussi rigoureux...les dispositifs de contrôle...peuvent inciter des dirigeants rencontrant des difficultés qu'ils jugent transitoires, à adopter des comportements opportunistes qui conduisent à solliciter l'information publiée, voire à la manipuler pour minorer les risques et pour majorer les résultats affichés".

En termes moins châtiés, disons que les orientations données poussent à la triche et à la combine.
Et la conclusion relève du plus élémentaire bon sens :

" Une entreprise ne peut connaître une croissance ininterrompue et à taux élevé de ses ventes, de ses résultats et de sa valorisation boursière ; un ralentissement de la croissance, voire un repli ou la réalisation partielle d'un objectif de progression ne doivent pas être interprétés hâtivement comme un signe d'échec et sanctionnés à ce titre...Si la vigilance permanente relève d'une attitude légitime, les contrôles fébriles et les sanctions précipitées ne font pas de la bonne gouvernance ".

Dans le quotidien de nos entreprises, nous connaissons les effets pervers engendrés par la pression des systèmes de rémunération, de "reporting" mensuel et de sanctions directement liés à l'obtention de résultats quantitatifs à court terme: magouille et "lissage", sont alors les deux mamelles de l'entreprise, dont l'image réelle est toute différente de la réalité.
Il est aisé d'imaginer ce qui peut advenir quand la pratique s'instaure au niveau d'un groupe : "l'affaire Enron" ne sera pas la dernière!


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