Une fois de plus, Compagnon du Devoir, le journal de l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France livre une réflexion de fond de grand intérêt. D'un long éditorial du numéro 139 sous la signature de La Sagesse de Montreuil-sous-Bois, ces quelques extraits permettent de comprendre l'attirance que peut exercer le Tour de France sur des jeunes gens, et le pressant rappel de l'auteur aux "anciens"sur le sens de l'engagement compagnonnique.

   « Quiconque vit quelques temps parmi les Compagnons se souvient longtemps de  cette notion qu’est ‘l’engagement’. Ce mot si souvent entendu durant son Tour de France jalonne constamment le parcours de tout apprenti, Aspirant ou Compagnon…Le sens de l’engagement reste un des piliers compagnonniques : la vie du Compagnon ressemble à une suite d’engagements pris en toute liberté de pensée et d’action certes, mais ressentis comme autant d’obstacles à franchir. C’est que les Compagnons ont tendance à mettre la barre haute…

L’engagement suppose un
effort de participation,
d’attention aux autres,
de désintéressement à
son propre devenir. 
                                                                                                               
   Cela s’apparente à de l’intérêt porté à tous ceux côtoyés dans nos Maisons de Compagnons. Là réside la force des Compagnons du Devoir, mettre en relation des ‘hommes de métier’, c’est à dire tisser un fil entre des parcours de vie…Former des jeunes gens par le métier, le voyage et la rencontre de l’humanité demeure la vocation première du Compagnonnage en vue de  l’immersion de ces hommes en devenir au sein de la cité. Le métier n’est pas une fin en soi, même si nous devons veiller à conserver l’attachement à l’excellence des Compagnons dans la pratique de leur métier…

Engager signifie lier, attacher
par une promesse, une obligation à,
faire participer à.
C’est encore diriger, faire pénétrer…

   S’engager amène l’individu à une affirmation solennelle, par sa seule volonté, matérialisée et enregistrée à une participation collective de groupe. C’est donc intégrer un groupe humain, un fonctionnement particulier avec des règles ordonnées régulatrices ; c’est donc sortir du ‘chaos’ par l’accès à une communauté de défense d’intérêts communs…S’associer à un groupe, c’est en adopter les règles, la dimension historique, le comportement spirituel. C’est faire sienne une dimension communautaire dépassant largement sa propre dimension individuelle…

   Que propose le Compagnonnage à tout jeune ouvrier désireux de voyager, rencontrer et partager ? Il suggère une voie originale d’apprentissage de la vie par le métier dans une démarche de recherche d’excellence professionnelle. Cette démarche s’inscrit dans une relation de ‘maître à disciple’ par le fait qu’un ‘sachant’ est prêt à transmettre son savoir à un ‘apprenant’. Cette relation construit un échange réciproque, non basé sur la hiérarchie, l’autorité ou la supériorité ; elle est constitutive d’une proximité de vie, de respect, de désir et d’espoir de progression des deux hommes ; elle pose le socle invisible de la relation humaine qui relie l’apprenti à son ‘maître d’apprentissage’…
   Nous assistons là à une transmission
de savoir professionnel,
mais aussi de savoir-faire,
de savoir-être
et de savoir devenir
…chacun d’entre nous aborde son propre projet par une mise en contact avec la réalité quotidienne dans un contexte humain très fort d’aide et de soutien…Nous sommes tous forgés par le métier, à tel point qu’il nous est souvent facile de deviner le métier de notre interlocuteur en quelques secondes. Matricés par les épreuves quotidiennes du métier, nous pratiquons le Compagnonnage dans ce rapport charnel et émotionnel au métier

Les jeunes sur le Tour de France doivent trouver en nous un ascenseur professionnel, de vie, voire social, qui leur permettra de grandir par de riches découvertes. Si nous savons répondre à leurs attentes, alors nous en ferons de grands hommes pour demain. N’en demeure pas moins que s’engager,
c’est aussi décider
de ne pas briller personnellement,
mais en communauté
par les résultats obtenus,
par le partage des responsabilités.

..A nous de leur montrer notre attachement à leur réussite,
à nous de leur prouver qu’ils ont de l’importance à nos yeux,

qu’ils sont uniques…

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