Embaucher des « jeunes »?

   Juchée sur les épaules d’un copain, cette  gamine vociférait  des slogans, brandissant une pancarte  Sauvons nos retraites. Elle ne s’était certainement pas posée la question de savoir ce que serait sa vie professionnelle, ni ce qu’on attendrait d’elle au travail.

   Pour cela, rien de tel que d’interroger ceux qui savent et qui font : cadres et agents de maîtrise supportent les conséquences positives et négatives  des actes de leurs équipiers.

Les réponses sont toujours les mêmes, quelles que soient les entreprises, les professions, les métiers...les pays. De leurs collaborateurs, jeunes ou non, ils attendent : assiduité, disponibilité, honnêteté, franchise, courage au travail, conscience professionnelle, volonté de progrès, compétences, initiative, polyvalence, esprit d'équipe et de service, discipline et créativité, curiosité...

   Aux mêmes témoins, demandons:

- Vous avez embauché une personne très compétente mais qui met la zizanie dans l'équipe et ne rate pas l'occasion de glisser une peau de banane, ou de tricher. Que faites-vous?

- A l’unanimité: On s'en débarrasse...si on peut.

- Au contraire, vous recevez un jeune consciencieux et courageux, qui a de l'initiative et le souci de bien faire, mais techniquement faible. Que faites-vous?

- On le forme!

   Les gens « du terrain » savent qu’il est plus aisé de former aux techniques celui qui manifeste des qualités humaines et plus spécialement morales, un savoir-être.


   Une enquête  récente met en évidence le fossé entre les attentes des jeunes et de ceux qui peuvent les employer, pour lesquels le savoir-être devient la denrée rare.  Leur recherche va bien au-delà du savoir-faire, de la formation  ou du niveau de diplôme.

   C’est bien cela qui semble freiner l'embauche des jeunes. Ce n'est que rarement le défaut de qualification technique. C'est beaucoup plus  le défaut de formation humaine et morale. Ce que l’on souhaite trouver, ce sont des jeunes aptes à s'intéresser à leur tâche, à vivre dans une équipe, à accepter une discipline ; qui aient du courage, du jugement et le goût des réalités plus que des débats idéologiques.

   Tout le contraire d’une mentalité d’assisté et de  revendication en lutte pour ses droits !


   Le délabrement trop fréquent du milieu familial est la première cause de ce manque de formation. Lorsqu'un jeune voit trop souvent tel ou tel parent "râler" sur son travail, se vanter de "s'être bien débrouillé" pour "défendre sa paye" ou tirer un congé supplémentaire; lorsqu'il a tout reçu et obtenu sans effort ; lorsque, sous prétexte d'autonomie, il a été livré à lui-même; lorsqu'il ne lui a été présenté  aucun idéal suscitant le dépassement, comment aurait-il acquis cette formation humaine et morale qui en ferait de lui une personne "embauchable" ?

   C'est aussi le délabrement  du milieu scolaire : l'indiscipline, la mise en doute systématique considérée par trop d’enseignants comme le summum de l’exercice intellectuel, les idéologies destructrices de tout idéal, l’exemple de grèves et conflits continuels… privent bien des jeunes de la formation humaine et morale que la vie exige.

   Lorsque le discours ambiant ne porte que sur les droits et ignore les devoirs, seul reste l’esprit de lutte. Quand il n’est question que de loisirs,  plaisirs et  paradis faciles, le tout, sans contraintes, sens de l’effort et  persévérance cèdent la place à une mollesse désabusée et revendicatrice.


   Quelle politique, quel homme politique  rendront sa place à la famille comme première éducatrice des valeurs humaines et morales ? auront compris que le système éducatif sera d’autant plus fécond qu’il mettra en harmonie éducation scolaire et familiale ?  viseront à diffuser une culture générale qui, pendant des générations, a engendré des têtes bien faites, capables de juger, donc de se conduire dans les situations changeantes ?

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