Familles et création de richesses
La France compte une majorité d'entreprises
familiales. Cette réalité est mal connue du grand public, et
pourtant...Certaines figurent au premier rang mondial dans leur secteur
; Bic, Boiron, Bongrain, Manitou, Michelin, Peugeot...Est-ce étonnant ?
Selon David Victoroff (Valeurs Actuelles N°3644)
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Famille et création de richessesLa famille s’avère ainsi la cellule sociale la plus performante pour créer de la richesse. Elle paraît plus à même, dans un monde où la vision à court terme prend souvent le pas sur les projets à longue échéance, de résister à la pression des marchés, à l’instantané et aux modes. La notion de durée est inséparable de celle de la famille prise comme une succession de générations. Les familles font depuis longtemps du développement durable comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.Dans ces entreprises où société anonyme ne signifie pas anonymat et volatilité des actionnaires, création de richesses et respect authentique des valeurs humaines se rencontrent plus facilement. Le fait d'avoir son nom sur la porte de l'entreprise engage plus profondément la responsabilité du dirigeant, notamment vis à vis des personnes dont il a la charge.
Le sentiment d’être comptable du patrimoine qui leur est échu, tant vis-à-vis de leurs parents que de leurs enfants, empêche les patrons d’entreprises familiales de céder aux folies de certains managers et de devenir des “patrons voyous”. Contraints à une réelle ascèse, ils sont, sans le savoir, les premiers adeptes de l’économie responsable.
Par Nicolas | Avant | 04/10/2006 18:28 | Après | Actualités | 3 commentaires |
par Claude FRUC HART, le Lundi 18 Décembre 2006, 18:41
J'adhère pleinement à cette vision de l'économie d'entreprise. La complémentarité avec l'économie faliliale est pour moi évidente, et les deux se situent dans une même logique de "durée" depuis longtemps.Répondre à ce commentaire
Ces grandes entreprises faliliales sont des exemples qui devraient faire réfléchir tous les partisans d'une vision financière de l'activité économique.
chacun sait qu'une entreprise doit gagner sa vie, faire du profit. C'est la condition indispensable de sa survie et de son développement. Mais sa raison sociale, sa raison d'être, est de servir des clients en leur apportant des biens ou des services sur un marché, le tout dans le meilleur équilibre entre la qualité, les délais et les coûts.
La vision financière transforme cette raison d'être économique en une machine à faire de l'argent, c'est à dire le maximum d'argent dans le minimum de temps.
Dans cette optique, les relations entre les différents partenaires de l'entreprise (clients, fournisseurs, salariés, actionnaires, dirigeants) s'en trouve totalement déformée, et de nombreuses difficultés (quand ce ne sont pas des désastres industriels) proviennent de ce point clé : dans la logique de l'argent, l'autre devient un concurrent quand ce n'est pas un ennemi dans l'appropriation du profit.
Encore une fois, loin de moi l'idée de penser que l'entreprise peut se dispenser de faire des profits, des bénéfices. Mais ce n'est pas sa finalité, c'est la condition de sa survie et de son développement !
Une entreprise doit gagner sa vie. C'est un impératif. Mais une chose est de gagner sa vie, et autre chose est de faire du profit une fin alors que ce n'est qu'un moyen.
La fin et les moyens, le sens dans l'action, etc... On se croirait revenu au temps d'Aristote avec les 4 causes : finale, matérielle, formelle et efficiente.
Mais à y bien regarder, ces 4 causes sont au cœur même de l'organisation de l'entreprise et nombreux sont ceux qui partagent cette approche, même sans la formaliser ni en avoir conscience. C'est tout simplement la réalité de l'existence qui prime alors.
Lorsque je vois des entreprises se donner comme objectifs stratégiques d'atteindre 20% de part de marché dans leur domaine avec une rentabilité à deux chiffres, je ne peux m'empêcher de penser que l'on met la charrue avant les bœufs. Le profit est un résultat... (Pléonasme fréquent dans les milieux financiers), pas un objectif. Et pour peu que la rémunération des dirigeants soit attachée à la « réalisation de cet objectif », l'entreprise se met à tourner à l'envers : elle en viendra à privilégier l'affichage de résultats financiers à court terme (un an au maximum) au détriment d'actions de fond à long terme, c'est à dire de l'accomplissement de sa raison d'être.
L'entreprise familiale est un rempart important face à cette dérive mortelle pour l'activité économique : ses actionnaires sont de vrais actionnaires, c'est leur argent qui est investi dans l'entreprise, et d'expérience, chacun sait que l'on prend des risques raisonnés avec son argent. Des dérives du type Vivendi sont inconcevables dans ce type d'entreprise parce que les vrais actionnaires sont autour de la table ! Le drame est que nous sommes dans un faux système capitaliste où nous manquons de vrais capitalistes, de vrais actionnaires. Les conseils d'administration des grandes entreprises voient sièger des représentants d'entreprises actionnaires qui ont elles-mêmes à leur conseil des représentants d'entreprises actionnaires,etc... et l'on retrouve souvent les mêmes partout, mais à chaque fois dans des rôles différents, ce qui fait que l'on finit par se trouver dans un scénario du type "je te tiens, tu me tiens,....". Un bel exemple est le départ de M. Messier de Vivendi. Tout le monde s'est offusqué du montant de 20M€ d'indemnités qu'il devait toucher... Ce qui m'importe est autant de savoir qui a signé cette clause de son contrat, car même s'il a gravement dérapé, M.Messier ne s'est pas auto-octroyé cette clause d'indemnité...
En guise de conclusion pour aujourd'hui, et en regard de l'idée de maximisation du profit à court terme, je vous livre une réflexion que me faisait ma grand mère (qui avait grandi à la ferme): « on en fait pas pousser les carottes en tirant dessus tous les matins » me disait-elle. Le développement durable n'était pas encore né, et pourtant ...
Vive l'entreprise familiale !
Commentaires
1 - Lien croisépar Anonyme, le Lundi 18 Décembre 2006, 18:16 Répondre à ce commentaire