A un dirigeant désireux de lancer une opération « gestion par les compétences" ... 

La mise en œuvre de la "gestion par les compétences" fait partie d'un tout, d'une politique, "art de faire vivre les hommes ensemble". Il serait illusoire de vouloir l'implanter sans s'assurer qu'un certain nombre de conditions sont remplies.
  • Un changement de l'état des esprits ( trop longtemps habitués aux automatismes attachés aux "grilles" ou à l'ancienneté) est indispendsable; or, les changements dans les têtes ne s'opèrent que par les changements dans les actes - faire, avant de dire - et tout d'abord, dans ceux de la direction et de l'encadrement. Quand seules les techniques, la productivité, les ratios et les résultats ont été les facteurs déterminants de l'animation des hommes, un changement aussi brutal que celui introduit par la philosophie de la "gestion par les compétences" risque d'être sans lendemain...si les pratiques ne changent pas d'abord au sein du management.
  • C'est donc d'abord la direction et l'encadrement qu'il faut convaincre de veiller particulièrement à la qualité de leurs modes de fonctionnement :
*   en matière d'informations et de communication
- qualité des explications sur le travail à fournir,
- qualité des modes de traitement des questions du personnel,
- qualité de la prise en compte des suggestions, critiques...,
- qualité des modes d'informations  transversales,
- qualité des circuits d'information générale (respect de la hiérarchie d'objectifs )
*   en matière de consultation avant prise de décision
*   en matière de délégation et de définition des missions, des objectifs, des compétences requises...

Les modes opératoires incitent-ils chacun à bien remplir les missions confiées,
à mettre en œuvre toutes ses compétences au service de l'entreprise, et donc des clients ?

Les réalisations conduites dans les entreprises associées au CPE mettent en évidence qu'il faut opérer un changement radical notamment dans le rôle du management (fonctionnel et hiérarchique), qui doit être sélectionné, géré, reconnu pour ses compétences à animer des hommes, à tirer d'eux le meilleur, à créer les conditions favorables à l'expression des compétences du personnel qui lui est confié. Le rôle du dirigeant est déterminant (un escalier se balaie par en haut), non seulement en affirmant sa volonté mais surtout en montrant l'exemple.

Quand cet état d'esprit imprègne toute l'entreprise, parce que, dans les actes, chacun peut voir la ligne de conduite de l’entreprise, il est possible alors, de gérer par les compétences et d'introduire  les modes de reconnaissance et de sanction (évolution, promotion, rémunération personnalisées ) qui sont le point d'aboutissement de cette politique. Mais avant tout la crédibilité du management doit être renforcée, puisque c'est lui qui doit "gérer par les compétences".

C'est dire que sa mise en œuvre  est de longue haleine, difficile parce qu'exigeante, et une fois engagée, sans fin. Ne pas prendre la mesure de cette réalité, c'est aller au devant d'un échec certain. Lancée - à grands renforts de publicité dans l'entreprise - sans ces mises en garde préalables, cette politique risque d'être, aux yeux du personnel "un gadget patronal" de plus, comme il y en a eu tant, accompagné d'outils sans fondements, véritable usine à gaz qui ira à l'encontre du but recherché .

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