L’entreprise peut être lieu de satisfactions, de plaisirs, de joies et osons-le, d’épanouissement  et non  machine à broyer les hommes. L’exercice d’un métier peut même les anoblir parce que le travail  y revêt  valeur et  dimension autre que marchande…Les 50 et quelques années de fréquentation des entreprises par CPE nous en ont convaincu depuis longtemps. L’entreprise, comme la langue d’Ésope, peut être la meilleure ou la pire des choses.
   Il y a des entreprises anthropophages. Qui abiment, atrophient, asservissent, bestialisent, voire détruisent les hommes. Mais il y en a, et en plus grand nombre, qui rendent ‘plus hommes’, qui favorisent le déploiement de tout ce qui est ‘en puissance’ dans chacun.  

   Cette conviction est aussi celle de Monsieur Xavier Fontanet, Président de Essilor *. Las de n’entendre parler des entreprises qu’en termes négatifs, il avertit le lecteur de son ouvrage  Si on faisait confiance aux entrepreneurs ** : « Je tenterai de vous montrer que l’entreprise n’est pas l’horreur trop souvent décrite. C’est un lieu où l’on apprend un métier, où les personnalités se développent et où l’on vit dans un climat de… confiance. Dès que la confiance s’instaure, un petit miracle se produit, la flexibilité devient possible, les gens n’ont plus peur de bouger, l’initiative se développe spontanément ».

   Paru en novembre dernier, ce livre n’a que la prétention de recenser la riche expérience d’une entreprise devenue tête de file mondiale, avec 40.000 collaborateurs. La passion du patron pour son métier, le service aux clients, son engagement vis à vis des hommes ressort à chaque page.

   La confiance, notion centrale de l’ouvrage, n’est que la résultante de la mise en œuvre de trois repères dans la conduite de l’entreprise, tant en interne que dans les relations avec l’extérieur : vérité, transparence et justice. Parler vrai, expliquer, clarifier  donne du sens au travail ; encourager l’esprit de vérité dans le dialogue avec les collaborateurs est facteur de progrès ; écouter, respecter chacun, promouvoir ses talents répond au besoin de juste reconnaissance. La confiance ne peut naître que dans un climat de vérité, et ‘la vérité libère’.

Une autre idée est en filigrane : la fidélité ou loyauté envers l’entreprise. Si le succès nécessite la confiance –  celle du client, qui est le vrai patron, autant que celle des fournisseurs ou des collaborateurs – la confiance ne se bâtit qu’avec le temps. Il faut savoir « rester pour construire ».

   De nombreuses et savoureuses anecdotes.

   Un patron philosophe – ami de la sagesse – qui prend le temps de réfléchir,  et se tient à une ligne de conduite partagée avec ses collaborateurs..

   Un bon témoignage d’humanité et d’humilité.

  Un livre roboratif, à faire connaître, notamment parce qu’il présente une autre image des entreprises que celle que les media véhiculent, même si elle est malheureusement aussi réalité.

* CPE a conduit un grand nombre de réunions de réflexion avec le management de Essilor au cours de son développement.
** Éditions : Les Belles Lettres -

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