Les menaces proférées par les divers syndicats pour bloquer les réformes envisagées posent une fois de plus la question de la représentativité syndicale.

Depuis plus de 60 ans, l’expression et la participation des salariés à la vie professionnelle sont confisquées au profit de quelques organisations dites représentatives. Dans les entreprises, elles ont le privilège de monopoliser le premier tour des élections de délégué du personnel ou du comité d’entreprise, mais aussi , même si elles n’y ont pas d’élus, de discuter des salaires et négocier avec les dirigeants par le biais du délégué syndical. Au niveau national : le label de représentativité leur attribue d'importantes fonctions consultatives et de gestion. Comment expliquer la pérennité de ces usages anti-démocratiques ?

Les syndicats, interdits à la demande de l'Occupant, avaient rejoint la clandestinité. La CFTC et les militants non communistes de la CGT -les communistes en avaient été exclus par Daladier en 1939 en raison du pacte germano-soviétique- agissaient au sein du Conseil National de la Résistance. Après l'attaque de l'URSS par l'Allemagne en 1941, ils furent rejoints par les communistes.

La représentativité fut mise en oeuvre par la circulaire Parodi du 28 mai 1945, sous l’égide du ministre du travail, A. Croizat, communiste du gouvernement Degaulle.

Elle repose sur cinq critères : ancienneté, nombre d'adhérents, perception de cotisations, indépendance ; enfin, attitude patriotique pendant l'occupation -et non la guerre; ce qui aurait posé des difficultés au sein de la CGT réunifiée, en raison de l'attitude de la fraction communiste jusqu'en 1941 (CGT-PC-STALINE-HITLER). Ce critère est, aujourd’hui, remplacé par celui ‘d'audience du syndicat’, c'est-à-dire le nombre de voix qu'il recueille lors des élections.

A la faveur de la libération, de l'épuration et de l'entrée des communistes dans le gouvernement Degaulle, les communistes dominent la CGT réunifiée. Cela conduira au départ de la tendance minoritaire de Léon Jouhaux, et à la création de la CGT-FO en 46. La CGT annonce alors près de 5, 5 millions d'adhérents, la CFTC, 700 000. La CGC, syndicat catégoriel né en 1944, est quasi inexistante. En application des critères Parodi, la CGT se trouva largement majotritaire dans les entreprises.

Depuis, alors que les syndicats sont de moins en moins reconnus par les salariés, toutes les réformes n’ont fait que renforcer ce privilège.

Est-il normal qu'il fasse du syndicalisme le club fermé des "ancêtres de 1945" et de leurs descendants, issus des différentes scissions?

Est-il normal qu'un salarié, devant être mandaté par un syndicat ‘représentatif’, ait dans son entreprise, moins de liberté pour solliciter les suffrages de ses collègues qu’un citoyen n’en a pour se présenter aux municipales ou aux législatives?

Peut-on parler d'indépendance alors que ces syndicats fonctionnent grâce aux subventions des collectivités publiques et aux appointements de ‘permanents détachés’, sans lesquels ils auraient disparu depuis longtemps ?

Est-il normal
que des questions vitales pour les salariés d'une entreprise – les rémunérations, par exemple- soient discutées avec des représentants syndicaux non élus, alors même qu'ils ne représentent que leur centrale ?

Pour cela, il faut supprimer le privilège de représentativité, afin que soient respectés les principes de Liberté et d’Egalité de notre Constitution. Ce serait aussi régénérer le mouvement syndical par un sang nouveau et surtout rendre la parole aux travailleurs !

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