...sur quels critères ?

* 40 ans d'enquête
auprès de milliers de personnes, dans des entreprises de toute taille et de diverses professions, en France et en Europe, mais aussi au Canada, Mexique, Etats Unis, Argentine, Tunisie, Egypte, Arabie Saoudite...nous ont permis d'interroger encadrements, directions, employés et ouvriers.
Aux mêmes questions, "qu'attendez vous de vos collègues, de vos collaborateurs, de votre chef direct?"
partout, nous obtenons les mêmes réponses :
conscience professionnelle, entraide, courage, franchise, compétence, discipliné, esprit d'équipe, efficace, respect du travail des autres, initiative, transmet son savoir...

* Ce qu'est un "bon service" Des recoupements riches d'enseignements se font jour, d'où se dégagent nettement les éléments constitutifs du "bon travail": qualités professionnelles et techniques, bien sûr, mais aussi qualités intellectuelles et surtout qualités morales, qualités qui facilitent les moeurs, rendent plus aisée la vie commune et engendrent une meilleure efficacité.

De telles qualités apportées dans l'accomplissement du travail procurent un "bon service". Leur absence ou les défauts contraires engendrent les difficultés.

Il est étonnant de constater que les réponses insistent toujours plus sur les qualités liées aux comportements - qualités morales - que sur les compétences techniques.

Ces attentes expriment autant de qualités qui font un bon service. Elles sont génératrices de mieux être (ce qui est de l'intérêt personnel de chacun) et de meilleure efficacité (intérêt de l'entreprise).

Ces qualités permettent de transformer la compétence - le "savoir faire", la maîtrise du métier, du poste, de la fonction - en résultats durables.

* Les dangers de la chiffromanie
Ces observations de bon sens, unanimement partagées, conduisent à s'interroger sur les raisons pour lesquelles certains ne voient d'appréciation du travail des personnes qu'au travers de la compétence et/ou des résultats chiffrés. Une machine possède un "savoir-faire" tout comme elle produit une quantité: quelle reconnaissance une personne peut elle éprouver lorsque appréciation et sanction de son activité se limitent à ces seuls critères?

N'accorder de valeur à une réalité que si elle se pèse, se jauge, se quantifie, se mesure, se chiffre, c'est peut être se donner une apparence d'objectivité? Pourtant, quantité de biens, échappant à toute mesure, à tout chiffrage sont pourtant vitaux et sont objectivement constatables, quoique non quantifiables.

Combien valent la voix et le sourire de Ginette au standard ? le coup de main et la bonne humeur de Paul le magasinier ? la perspicacité de l'opérateur qui a repéré et signalé une malfaçon ? le soutien du chef pour son équipier en difficulté ? Quel prix pour la coopération entre services ? Que vaut le temps consacré à ses enfants par une mère de famille "improductive", parce qu'elle ne "travaille" pas (essayez de chiffrer son activité) ?

Ne vouloir prendre en considération l'apport des personnes que si on peut le chiffrer, c'est promouvoir l'injustice et l'inefficacité.

* Prendre en compte les services rendus
L'appréciation du travail humain est du ressort du jugement, acte de l'intelligence qui établit des constats. C'est comparer les services rendus par des personnes charnelles, réelles, concrètes, et faire en sorte que celui qui donne plus soit reconnu et donc sanctionné (positivement!).

Il ne s'agit donc pas de reconnaître la personne par rapport à un modèle, sorte de mètre-étalon de la perfection faite homme, mais d'observer, recenser et sanctionner les services qu'elle rend comparés à ceux rendus par ses pairs.

Si on veut reconnaître et encourager l'esprit de service, source de meilleurs résultats, il faut donc :
  • prendre en compte la qualité des services rendus
  • juger des faits et des actes, et non la personne
  • à partir d'une ligne de conduite claire, connue de tous et applicable à tous.
C'est la première garantie contre l'arbitraire et le subjectivisme. Nécessaire mais non suffisante.

A suivre...

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