Dans cette entreprise de 2400 personnes, en 6 usines, le directeur général, actionnaire familial, est un fervent du management « baladeur ». Il va et vient d’une usine à l’autre, consacrant beaucoup de temps à observer, questionner, écouter les uns et les autres ; son encadrement, opérationnel et fonctionnel, est l’objet tout particulier de son attention. La pratique est dangereuse dans la mesure où elle multiplie les occasions de courts-circuits. Mais son souci de respecter le domaine de responsabilité de chacun lui évite bien des dérapages, dont tout le monde sait, d’expérience, l’effet démobilisateur sur le moral.
  • Ainsi,  arrivant dans un atelier ou un service, sa première préoccupation est de rencontrer le patron du secteur. Si il ne l’aperçoit pas, il s’adresse aux premières personnes rencontrées :

-                                         -  Savez-vous où est  Mr Delacharge 

-                                         -  Il était là  il y a quelques instants, mais…

-                                         - Quand vous le verrez, merci de lui dire que je suis venu chez lui, parce que j’ai quelque chose à voir…

Cette simple petite phrase, de la part du patron-propriétaire, est un acte parlant pour le personnel.

  • Quand, de plus, le souci de ne pas mettre en porte à faux le conduit à renvoyer son interlocuteur vers son responsable direct :

-                                           - Je prends bonne note de votre question, mais voyez cela avec votre chef, il est mieux à même de traiter la question…

  • Quand ce même responsable direct est doté de pouvoirs lui permettant de répondre aux préoccupations de son personnel…

alors, ne se pose pas la question de la crédibilité du management, de savoir où se prennent les décisions concernant le personnel.

  • Enfin, quand les représentants du personnel ou des syndicats, en raison de leur mandat, circulent dans l’entreprise, point n’est besoin d’évoquer les bons de délégation et autres formalités légales et bureaucratiques. La conversation se situe au niveau de la courtoise civilité :

-                                             - Je suis le patron, vous êtes représentants des salariés. A ces titres, nous avons en  commun de devoir montrer l’exemple. Vous remarquerez que quand je vais ici ou là, je m’adresse toujours au responsable local, par respect pour sa fonction mais aussi pour des raisons d’efficacité, de sécurité. Je veux savoir si je ne risque pas de perturber le travail des uns des autres. Je vous demande d’en faire autant.

Les comportements des dirigeants, quels qu’ils soient, instituent des règles, des pratiques qui façonnent l’entreprise, comme toute institution le fait sur ses membres.

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