MORALE & AFFAIRES
L'honnêteté coûte moins cher que l'immoralité, « l'éthique est génératrice de profits ». L'intérêt de chacun est donc de fonctionner dans la confiance mutuelle. Il conviendrait, dès lors, de rétablir la morale dans les affaires.
Soit. Mais cette volonté affichée débouche, le plus souvent, sur des chartes qui mettent au ban corruption ou vente forcée, proclament considération pour le client, respect pour les collaborateurs...Une telle pratique consiste, de fait, à se donner un label de qualité, une image publicitaire très éloignés des réalités que le quotidien de bien des entreprises révèle.
Car la morale n'est pas d'abord question de prédication ou de déclaration d’intention mais de façon d'agir.
Elle n'est pas d'abord du domaine du « dire » mais du « faire ».
Bien sûr, il faut que (yaka) les employés soient honnêtes, que les commerciaux ne fassent pas des contrats à l'arraché, il faut être franc, loyal, serviable. La vie sociale est ainsi rendue plus aisée. Mais les conditions pour cela sont-elles réunies ?
* L'acheteur contraint d'obtenir des rabais importants - parce qu’apprécié et sanctionné sur ce critère - est il en mesure d'avoir un comportement moral à l'égard de son « partenaire » sous-traitant ? Par voie de conséquence, faudra-t-il s'étonner si ce dernier cherche à biaiser quant à l'exécution du cahier des charges qu'il a accepté pour ne pas disparaître ?
* Le directeur d'établissement qui doit tenir un budget prévisionnel sous peine d'être mal jugé par sa direction, n'est-il pas mis dans une situation où il a intérêt à « lisser » ses résultats, à tricher avec l'entrepris ?
* Le collaborateur qui se voit désavoué dans une décision qu'il a prise n'a t-il pas intérêt personnel à laisser passer, à se démobiliser, à magouiller, à « tirer au flanc » ?
* Le commercial en quête désespérée de contrats - c'est une question de fins de mois ou de réputation - ne peut-il pas être tenté de se laisser « corrompre » par un client ?
* Que ne pourrait-on dire de la pratique des marchés publics avec l'usage du « moins-disant », des fiscalités écrasantes mises en oeuvre qui incitent à transférer sièges sociaux et emplois, dépenser toutes les énergies à frauder...
La question est de savoir si les lignes de conduite qui inspirent les modes de fonctionnement de toute communauté favorisent ou non les comportements moraux. C'est une affaire de politique, ou art de faire vivre ensemble personnes et sociétés. Elle est du ressort des gouvernants. Pour cela ils doivent être convaincus que l'être humain, s'il n'est pas intrinsèquement vicieux, n'est pas fondamentalement vertueux et qu'il convient de ne pas encourager ses faiblesses.
Par YT | Avant | 10/06/2010 11:17 | Après | Questions de fond | aucun commentaire |