propos recueillis lors d'une causerie avec des étudiants

Venus pour une causerie sur le thème

Comment ne pas rater son entrée dans la vie professionnelle ?’,

ces jeunes gens furent très surpris d’entendre le conférencier les féliciter de l’important héritage qu’ils avaient reçu ! Comme tout homme qui dès sa naissance, dispose d’un immense capital accumulé au cours des générations, sans avoir rien mérité. Sa vie durant, il va y puiser biens  matériels et surtout immatériels. De ce fait, il est  redevable, chargé d'obligations envers la société qui l'accueille. Et c’est …aux débiteurs que notre conférencier s’adressa. Car la dette est longue à purger. Une vie n'y suffit pas. L’héritier y parvient en partie, pour peu qu'il participe activement à la vie commune, contribue aux progrès réalisés et  transmette ce qu'il a lui même reçu.
Le ton de l’entretien était donné.


Un immense capital
matériel et immatériel
mis à disposition


Dès le premier jour, alors qu'il n'a contribué en rien à l'existence de l'entreprise, qu'il n'a apporté aucune pierre à l'édifice, le nouvel arrivant est invité à exploiter  ce patrimoine ; il se voit octroyer des prérogatives : poste, salaire, pouvoirs ; des moyens sont mis à sa disposition : outil de travail,  savoir-faire...Et il n'a encore rien fait! La seule attitude devrait être d'observer, d'écouter, de chercher à comprendre. Pour, enrichir peu à peu, selon ses talents, cette communauté qui, jusqu'alors, n'a pas eu besoin de lui pour vivre et se développer.

Cela exige, il est vrai, d'être sorti de l'état inconscient de l'enfant qui vient de naître : il ne peut réaliser, lui, ce dont il bénéficie. Seule l'éducation lui fera prendre conscience de cet état d'héritier et de débiteur.

Le jeune embauché qui entame sa vie professionnelle en commençant  par revendiquer "ses" droits devrait, au vu de tels constats, faire preuve de plus de bon sens et d'humilité. Tout comme le nouvel arrivant dans le service qui n'a que propos ironiques et critiques sur ce qu'il voit. Et celui qui "se garde pour lui" tours de main et savoir...
Ou encore ces "managers" qui, à peine débarqués, s'empressent de tout chambouler sans aucune considération pour  ce qui a été fait avant eux.

Bon sens,
humilité et respect


Une entreprise, comme toute communauté qui fait vivre des hommes, devrait inspirer le respect, quelles que soient les erreurs commises par les prédécesseurs. Elle existe : des clients ont été conquis et conservés, des produits mis au point, un savoir faire acquis, des méthodes peaufinées, des difficultés surmontées... Les efforts, voire les sacrifices, de plusieurs générations souvent, ont contribué à façonner un héritage dont la valeur n'apparaît pas au premier coup d'œil.

Avant de critiquer, réformer,  réorganiser,  restructurer, découper,  recentrer, dégraisser...- opérations, certes peut être nécessaires - il conviendrait de manifester plus de respect pour ceux qui ont fait et qui font cette communauté. Elle est le fruit de leur labeur, et leur "nourriture". Pour cela, une entreprise doit inspirer le respect. Ce qui ne veut pas dire taire et cacher les erreurs ou les fautes, mais recenser ce qui est bon, tirer les leçons des faux pas afin de réaliser de nouveaux progrès. Ainsi s'entretient et se développe le capital à transmettre.

Parlant de certains "diplômés", Robert Townsend, ancien président de AVIS, notait : " Il manque à cette élite la plupart des qualités indispensables au succès : l'humilité, le respect de ceux qui luttent sur le terrain, une connaissance réelle de la nature des affaires et des gens ".

Autant de qualités qui résument ce qu'on nommait autrefois "le devoir de piété".

 

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