Et si les politiciens s'inspiraient des entreprises ?

   Dans les années 70, alors que les modèles chinois, soviétique, vietnamien, cubain, yougoslave… n’enthousiasmaient pas l’électorat, est apparue une propagande pour un « socialisme à visage humain » ou « à la française ». Ces qualificatifs voulaient attirer le gogo et cacher… bien des misères, d’ailleurs dénoncées par des esprits d’avant-garde parce que clairvoyants.

   Aujourd’hui, la démocratie devient participative. Les politiciens en mal de suffrages ne sont pas à un pléonasme près. La démocratie n’est-elle pas cette forme de gouvernement où le pouvoir s’exerce   par le peuple, avec le peuple et pour le peuple ? Si il faut y adjoindre ce qualificatif, c’est que dans les faits, la part prise par le citoyen au fonctionnement des institutions est  réduite à la liturgie des urnes, bien préparée par des sondages, à des moments choisis ; parfois il arrive même que soient opérés de savants découpages  territoriaux ou un tri préalable des candidatures par parrainage public, afin que le troupeau ne se laisse aller à de mauvais bergers. Et, si malgré ce, les résultats des urnes ne sont pas « corrects », la rééducation est de rigueur : campagnes médiatiques, culpabilisation et bourrage des crânes, conduiront le peuple à « bien » voter ; les vilains Danois connurent ce sort lors du  référendum sur la constitution européenne. La ratification du traité de Lisbonne fut le fait du prince malgré le  ‘non’ majoritaire des français…Le désintérêt pour le système se mesure au nombre des abstentionnistes ou des bulletins blancs, que nos démocrates en peau de lapin refusent de comptabiliser.

   Alors pour relancer l’institution, à grands renforts de médias, on consulte « la base », pour donner l’impression d’une participation. Démocratie ? Non, technique de débat public permettant tout au plus l’expression de préoccupations et opinions personnelles ou de revendications catégorielles. Rien n’est changé dans le système : il n’y a qu’un pas de la démocratie à la démagogie, que Talleyrand définissait comme "l'art d'agiter le peuple avant de s'en servir". De fait, les élections passées, les politiciens gouvernent le pays par le biais de spécialistes, experts et hauts fonctionnaires qui, tous sortis de la même Ecole, savent ce qui est bon pour le peuple. Ils pensent et décident pour lui. Les pouvoirs réels lui sont confisqués au profit du personnel d’Etat qui les redistribue, les contrôle et les reprend quand et comme bon lui semble.

   Un sociologue, évoquant sur France-Culture cette nouvelle forme de démocratie « participative », notait que la république avait 30 ans de retard sur les entreprises. Certes bien des entreprises pourraient donner des leçons aux politiciens ; on y est obligé, au quotidien, sous peine d’inefficacité, d’associer les hommes, d’en faire des acteurs vrais du service au client, et partant de la vie même de l’entreprise. Car, ici, la démocratie consiste à laisser à chacun l’exercice des pouvoirs relevant de sa compétence et de sa responsabilité, à l’associer aux décisions qui le touchent dans l’exercice de sa mission, à respecter le domaine grand ou petit qui lui a été reconnu –poste de travail, équipe, service, établissement, projet, territoire commercial, à l’aider en cas de carence....C’est une question de vie et de développement, de fécondité et de pérennité. C’est aussi une condition de mieux être et de reconnaissance des personnes. Il y a, alors, réelle participation de chacun, à son niveau.
   Comme le disait un cadre d’entreprise, féru d’histoire : L’entreprise ? Un multiplicité de démocraties, coordonnées  au sein d’une monarchie.

    La France d’en bas pourrait éclairer les lanternes d’en haut !

Répondre à cet article