Les réflexions suscitées dans les entreprises au cours des sessions CPE conduisent à un constat : cette réalité quotidienne qu'est le travail, réalité que nous vivons quotidiennement, semble perdre toute signification précise quand on l'envisage à travers le slogan " à travail égal, salaire égal". La réalité doit d'ailleurs  être bien complexe pour que "le Robert"  consacre 4 pages du dictionnaire à définir ce qu'est le travail.

   Une des définitions :"fait de produire un effet utile par son activité", semblerait expliquer le sens très étroit qu'a pris le mot de nos jours. En ce sens, une machine travaille; on attend de la mécanique, des rouages ou des connexions que soit rigoureusement  suivi le programme prévu : une machine prenant des initiatives inspire  films d'épouvante et de science-fiction !
   Nul doute qu'un animal puisse travailler. Mais a-t-on jamais vu un bœuf tirant une charrue, parvenu en limite de champs, se retourner pour contrôler l'alignement du sillon tracé ? Si tel était le cas, sa dépouille, soigneusement embaumée, devrait rejoindre le musée de l'Homme.


L'homme,
animal
raisonnable


   Ces exemples conduisent à cerner ce qu'est le travail humain, c'est à dire  qui correspond à la spécificité de l'homme. La philosophie classique a mis l'accent sur la faculté qu'il a de penser, ce qui lui permet de connaître,  de juger, d'anticiper, d'agir, de contrôler : l'homme, "animal raisonnable".
   On disait d'un enfant qu'il "n'a pas l'âge de raison" - aujourd'hui, qu'il est "immature"- tant qu'il n'est pas en mesure de prévoir les conséquences, même immédiates, de ses actes : jouer avec le feu, se pencher sur le vide...Par ailleurs, on dit que le fou et le colérique  "perdent la raison ", ils ne peuvent plus se contrôler.
   Ainsi, le travail perd toute caractéristique humaine dès lors qu'il consiste à réduire l'activité de l'homme à la seule exécution, à l'instantané, au présent.

   "Ensemble des activités humaines coordonnées en vue de produire ce qui est utile ; situation d'un homme qui agit avec suite en vue d'obtenir un tel résultat." Cette autre définition du Robert confirme que le travail humain englobe aussi une activité antérieure et postérieure à la réalisation.


                            
   Le travail n'est plus humain lorsque l'activité est seulement dans l'instant, coupée du temps "avant" et du temps "après".
   Ce schémas permet de saisir l'erreur commise du fait des systèmes issus de "l'organisationnite aigüe" , chère à certains technocrates du travail. La séparation entre la pensée, l'action et leurs conséquences a conduit à ce que "la matière sort annoblie de l'atelier pendant que les hommes en sortent avilis". Les organisations mises en place et les modes de fonctionnement en découlant les ont démuni de tout pouvoir réel pour maîtriser ce dont, pourtant, ils subissaient les conséquences.        Faut-il s'étonner alors de la "perte d'intérêt au travail", voire des conflits et de l'esprit de révolte ?
    La complexité et l'affinement des techniques exige de plus en plus la spécialisation. D'où la nécessité de faire travailler les gens ensemble (équipes pluridisciplinaires, groupes-projets...) pour que ne soit pas gaspillé tout le potentiel des hommes au travail et compromise l'efficacité de l'entreprise.
   Quelles que soient les fonctions et les responsabilités exercées, il importe que
l'ensemble des facultés intellectuelles de chacun soient mobilisées : sens de l'observation, mémoire, intelligence, imagination.

C'est la première condition
pour que le travail de l'homme ait un sens et soit fécond dans la durée.

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