Les grands incendies naissent de petites étincelles.
Richelieu

 

Le quotidien de l’entreprise est émaillé de petits loupés, tous liés à nos manières d’agir :

  • initiatives ou décisions désavouées, suggestions non suivies d’effet,
  • question restée sans réponse, critique publique d’un collègue,
  • décisions prises sans consultation des intéressés,
  • mauvaise information entre départements, courts-circuits,
  • promesse non tenue, laxisme d’un chef à l’égard d’une erreur,
  • non respect de la plus élémentaire politesse...

Tous ces menus incidents ont un effet - non voulu - commun :
ils déstabilisent les personnes qui les subissent ou qui en sont les témoins,

ils mettent en porte à faux des responsables,

ils mettent en échec le savoir-vivre, base de toute vie sociale.

Quoique apparemment inoffensifs, ils ne  sont pas sans  conséquences.

  1.       Le doute s’instaure... Les responsables qui subissent ces loupés ne comprennent plus : sentiment qu’ils comptent pour rien, qu’ils ont perdu le contrôle de leur mission, qu’ils ne peuvent être sûrs de rien...suspicion sur les intentions d’autrui...Les cartes sont brouillées : à quel jeu joue-t-il...peut-être que...j’aurais dû...qu’est-ce que ça cache... Ce doute psychologique s’attaque à l’intelligence, qui perd ses repères : je ne sais quoi en penser...il faudrait que...  
  2. ... et engendre une crainte latente : crainte de parler pour clarifier la situation, de ne pas être écouté, d’attirer inutilement l’attention sur soi-même, d’être considéré comme un mauvais coucheur. Ce qui conduit à l’hésitation : qui sait si je peux...si jamais...que va-t-il m’arriver si...je risque de passer pour...La crainte paralyse la volonté ; la personne n’ayant plus les ressorts nécessaires de se déterminer elle-même, renonce à l’action .
  3. inertie, repli sur soi et silence en résultent : à quoi bon, puisqu’il est si fort...il vaut mieux que je me taise...ce n’est pas mon problème...


     Du fait de cette absence de réaction, les petits incidents se reproduisent et peu à peu les liens entre les personnes, les services, les équipes...se distendent et se rompent. Tensions, manque de communication, incompréhensions, suspicion réciproque, rumeurs... s’instaurent. Perte d’intérêt dans le travail, de confiance dans la compagnie, inefficacité...

 

Cette courte analyse met en évidence qu’il convient de stopper ce processus de détérioration au plus tôt.

     Signaler immédiatement l’incident à son auteur, dès l’apparition du doute.

     Ne pas succomber aux faux arguments qui encombrent l’esprit. Ils se traduisent par trois petites phrases diaboliques, parce qu’elles empêchent de réagir:


Il ne l’a pas fait exprès,
donc je ne dis rien : à moins d’un climat particulièrement malsain, il est vrai que nos loupés à l’égard des autres sont involontaires. Raison de plus pour réagir. Puisqu’il n’y a pas intention de nuire, demander des éclaircissements, montrer les conséquences, est le meilleur moyen d'éviter que de telles situations se reproduisent.


Ce n’est pas grave ,
donc je ne bouge pas :  l’incident est mineur, il ne met pas en péril l’entreprise ; mais son impact est suffisamment important pour qu’il nous conduise à nous poser des questions, à douter de l’autre ; l’inertie est le meilleur moyen d’en favoriser le renouvellement. La situation sera alors sérieusement tendue et il sera plus difficile de réagir.


Il est sincère,
donc, je ne vais pas faire d‘histoire : la bonne foi de l’auteur du loupé n’est pas en cause ; mais il y a loupé. Il convient donc de  faire remarquer les manquements aux règles de vie et aux modes de fonctionnement de l’entreprise. La tolérance doit s’appliquer à l’égard des personnes, jamais envers les erreurs et les faux pas. Ce serait ouvrir la porte à tous les laxismes et à des situations vite impossible à maîtriser.

 

Le président d’une entreprise où sont régulièrement organisées des réunions de travail CPE exhorte en termes quelque peu musclés son encadrement à la vigilance et à la réactivité :  « Si vous avez la moindre parcelle de doute à quelque sujet que ce soit, extirpez le, posez des questions. Le doute, ça rend idiot et nous n’avons pas les moyens de payer des gens idiots. Etre force de proposition et de critique est un des critères d’appréciation des services que nous attendons de chacun. Si quelque chose ne va pas, dites-le ; dans un esprit de cohésion ; non pour jeter de l’huile sur le feu, mais pour mettre de l’huile dans les rouages. »

Il est vrai que réagir est plus aisé quand les lignes de conduite de l’entreprise sont voulues, clairement énoncées et rappelées par les dirigeants eux-mêmes.

 

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