Tout le monde convient que pour vire ensemble il faut se retrouver sur un langage commun.

L’histoire de la Tour de Babel reste très actuelle. Cette très antique faillite a la même cause que bien des échecs contemporains :  ne pas parler le même langage, ne pas partager des références communes rendent la vie sociale plus difficile.

Suffit-il de s’accorder sur un projet d’entreprise ou de société ? Le projet – s’il dépasse la phase d’élaboration – cherche à attaquer les problèmes du moment. On change de projet selon les opportunités, les besoins, l’évolution des moyens disponibles…Un projet guide une campagne pour un temps ; il se plie aux circonstances. On peut, et parfois on doit changer de projet.

Mais si le projet ne s’appuie sur une doctrine, il est vain. Une doctrine repose sur des fondamentaux, des points de repère suffisamment stables et permanents, dont on ne peut s’écarter sans danger pour les personnes et pour leurs communautés. Une société qui s’en écarte a de plus en plus de mal à vivre. Ces fondamentaux sont remarquablement résumés dans les dix commandements, disait Robert Townsend, ancien chairman de la société Avis[1], qui fit d’une société moribonde le 2ème loueur mondial de voitures. Il proposait, non sans humour, qu’ils remplacent règlement intérieur et charte d’entreprise. Ce sont des principes de vie en société permanents. Ils présentent une ligne de conduite claire, simple, nécessaire, juste et obligatoire. Claire parce que ces principes sont propres à éclairer toutes les situations. Ils sont constants et pleins de bon sens. Ils sont enracinés dans le réel au point que lorsqu’on ne les respecte pas on en subit les conséquences : la vie sociale et la réalisation de quelque projet que ce soit deviennent impossibles.

Indiquer en permanence les objectifs et les causes de la bataille livrée,polariser toutes les grandes décisions et mobiliser les énergies de tous est peine perdue si ne sont pas fixées les orientations qui en faciliteront la réalisation.

De quoi ces projets seront-ils faits ? Quels en seront les principes directeurs ?

L’ébéniste ne dit pas seulement « faisons une table ». Pour atteindre ce but, il choisit le matériau, prend les outils et passe à la réalisation ; mais pas n’importe comment. Car il y a les « règles de l’art » dont le non respect interdit la fabrication du meuble.

De même fédérer les hommes, faire vivre une communauté, quelle qu’elle soit, suppose une ligne de conduite, un art. Quelles sont les règles de gouvernement, les principes « constitutionnels » à respecter en toute circonstance pour que le plus grand nombre œuvre au bien commun et en bénéficie ? Sans cette ligne de conduite reposant sur des valeurs stables, toutes les affirmations sur la nécessaire mobilisation de tous relèvent du seul discours, de l’agitation stérile, d’un volontarisme orgueilleux, du tour d’esprit YAKAFAUCON. Sans valeurs auxquelles se réfèrent les objectifs, les gens ont le sentiment que l’on se moque d’eux.

Une entreprise doit adopter des règles du jeu, accepter une morale, vivre des valeurs comprises, connues et reconnues. Elles constituent la Règle, au sens monastique du terme[2], cette règle dont a besoin toute communauté engagée dans une aventure : plus il y a de règle - c'est-à-dire plus elle est forte, claire, connue et acceptée - moins sont nécessaires les règlements. Quelle règle « forte,… » peut guider la politique  à mettre en œuvre ?

C’est pour cela que la politique est art et non projet : art de faire vivre les hommes ensemble.

CPEréseau, tente de dégager, de l’expérience et des réalisations, les règles de l’art qui permettent la meilleure collaboration possible des personnes de nos entreprises à l’objectif poursuivi.

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