Démarrage d’une réunion de travail dans une entreprise.

- « Nous allons examiner ce qui est bien ou mal pour l’entreprise et les personnes...».

La phrase n’est pas finie que l’animateur est interrompu par un participant :
- «Avant de continuer, pouvez vous définir les notions de bien et de mal ? ».

Quelque peu surpris, l’animateur rétorque :
- « Si nous entrons dans le débat par ce biais, nous entamons une discussion sans fin. Nous aborderons la question au cours de la journée. »

Fin d’après-midi ; les groupes de travail rendent compte du fruit de leurs cogitations sur le thème : qu’attendez vous de vos collaborateurs, collègues et chefs ?

La liste des qualités morales (franc, disponible, ouvert, honnête, ne court-circuite pas...) remplit le tableau-papier et dresse, comme toujours, le portrait de la personne presque idéale. Alors surgit de la salle :
- « Ca, c’est bon pour l’entreprise, et puis c’est mieux pour nous de travailler avec des gens qui ressemblent à ça ! », lance notre “ provocateur” du matin. Il avait la réponse à sa question.

* * *

Est bon, est "réglo", tout ce qui concourt au développement harmonieux des différentes facultés humaines. Et comme la solidarité, l’entraide, l’amour..., constituent des besoins essentiels de notre espèce, il en découle que le bien de l’individu et de la société sont interdépendants. Une société, quelle qu’elle soit, entreprise ou cité, requiert harmonie et paix -"la tranquillité de l’ordre" disait St Augustin.
Condition essentielle pour qu’elle atteigne sa fin : dans l’entreprise, la production de biens utiles au client. Sont bons tous les actes répondant aux besoins de convergence et d’unité, de cohésion et d’harmonie qui caractérisent tout corps complexe, humain ou social. Le mal, c’est le désordre, la rupture. C'est pas réglo !
Pour faire court, le bien est tout ce qui unit, le mal tout ce qui sépare. Comme font, dans l’ordre physiologique, la santé et la maladie.
Nous sommes d’autant plus sensibles aux injustices, indifférences, mépris, manques de considération, mensonges...que notre espèce aspire à la justice, la paix, la bonté...Ainsi, sur tous les plans, nous ne sentons le mal que par référence au bien dont il nous prive.
Le bien est si conforme à notre nature que nous ne nous en apercevons pas tant qu’il n’est pas interrompu par le mal. Nous ne nous étonnons jamais d’être bien-portants; c’est normal; mais le moindre bobo nous irrite. Je suis informé à temps des changements qui doivent intervenir sur mon poste, c’est normal ; je n’ai pas été consulté sur un sujet de ma responsabilité, “ c’est pas réglo ”. Le bien est dans l’ordre, le mal n’est qu’un accident.
Le mal n’est pas la règle ; il ne doit pas faire perdre de vue le bien dont il est la blessure.“ Réjouis-toi de ce que les épines aient des roses ”, dit un proverbe oriental. Ainsi, un court-circuit, une injustice ne sont que la fausse note qui nuit à l’harmonie nécessaire au service du client. Ce qui est dans l’ordre normal de l’efficacité, c’est le respect du domaine de responsabilité de chacun. Les mal-joués sont des accrocs accidentels.
Le rôle d’une structure sociale saine est précisément d’indiquer clairement quelles sont les valeurs partagées, et de les faire respecter.
De façon à faire coïncider au maximum le bien de chacun et le bien de tous. Ainsi sont facilités les “recadrages” lorsque des maux ne manquent pas de se produire.
Le mal peut servir à progresser vers le bien dans la mesure où nous savons en tirer les leçons. La plupart des progrès sont issus d’erreurs constatées, analysées et corrigées. Par la souffrance, nous acquérons la connaissance, disaient les Grecs.
Si les défauts de ceux qui nous entourent, les dysfonctionnements, les erreurs... nous font souffrir, c’est une exhortation à ne pas tomber nous-mêmes dans des errements identiques. Quant à nos maux personnels, ils sont une mesure de nos limites, un appel à l’humilité.Le mal, qu’il soit physique, affectif, spirituel, moral ou social est dans tous les cas un désordre absolu. Mais il peut nous servir d’utile rappel à l’ordre.

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