Une nouvelle fois, l’actualité sociale ponctuée de conflits, ramène la question : pourquoi les syndicats  se manifestent-t-ils  de façon si caricaturale ? Pléthore d’organisations mais peu de syndiqués, beaucoup de bruit, des violences, des illégalités, pour des résultats quasi inexistants sinon négatifs … Exception française ? Les décennies passent, le mouvement syndical ne parvient pas à conjurer les sorts jetés par de mauvaises fées sur son berceau.


   L'impact des idéologies

   Au nom d’une Liberté toute abstraite, qui interdit aux gens de métier de « défendre leurs prétendus intérêts communs », la Loi Le Chapelier de 1791 a semé le ferment de la lutte comme fondement de vie sociale en niant l’existence d’intérêts communs. Interdits de droit d’association pour la protection des métiers et de leurs membres, les professionnels se virent reconnaître en 1864 pour premier droit, le droit de « coalition temporaire » ou droit de grève : le droit  de se battre reconnu avant même celui d’essayer de s’entendre !

   Les luttes sociales du 19ème, attisées et exploitées par les différents courants idéologiques naissants, ont là leur source : « professionnels », qui cherchent seulement à organiser leurs conditions de vie  et « politiques » qui veulent faire du mouvement des métiers une force révolutionnaire.

   Lorsqu’en 1884,  les syndicats eurent droit de cité, la loi  leur  interdit  de posséder un patrimoine, donc de prendre en charge et de gérer les besoins de leurs membres, d’assumer de réelles responsabilités. Qui n’a rien à défendre,  n’a rien à perdre et tout à gagner. D’autant que, dès 1864 - 20 ans avant  le droit d’association professionnelle – avait été accordé le droit de grève. Aussi, tribuns, idéologues et agitateurs en lutte contre les pouvoirs bourgeois  s’engouffrèrent dans les organisations professionnelles,  bien vite détournées par les « politiciens ». Ils ont marqué de leur sceau la charte du syndicalisme français, en se référant explicitement à « la lutte des classes », lors du Congrès d’Amiens en 1901 : luttes et irresponsabilité. Depuis 100 ans, notre syndicalisme en souffre, même si il a enterré les mots. Il ne parvient pas à se départir de cet esprit idéologique qui occulte les vraies réalités. Il date du 19ème siècle !

 

   Le poids des institutions
  
   Institutions, lois et gouvernants ont orienté les comportements vers la revendication, la lutte, voire la révolution. Les syndicats sont les  interlocuteurs privilégiés des gouvernants et hauts fonctionnaires qui ne traitent des affaires du monde du travail qu’avec des syndicats décrétés représentatifs. Ils auraient pu favoriser une plus grande diversité, une décentralisation facilitant l’accès du plus grand nombre de salariés à des domaines sur lesquels ils ont compétences, responsabilités et intérêt direct. Les orientations ont été tout autres. Les salariés ont de moins en moins leur mot à dire. En 1945 leur a été confisquée la liberté de vote, en instituant le privilège du premier tour réservé aux organisations dites « représentatives » ; puis, on a fait contrôler leurs élus par des agents nommés par les syndicats, qui se voient attribuer de plus en plus de pouvoirs…Les résultats sont là : crispation sur des avantages acquis, refus de toute réforme de fond, blocage des services publics…     

   Si nos gouvernants prenaient acte de ce que ces syndicats ne sont représentatifs que de nuisances, ils pourraient alors « libéraliser » le syndicalisme ! En instaurant la liberté de candidatures dès le 1er tour aux élections professionnelles. Ce serait courage politique, antinomique, il est vrai, avec la crainte de la rue et… les préoccupations électoralistes.  

 

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