Un anniversaire manqué !
Il y a 70 ans...le Front Populaire
Nous attendions flonflons, feux d’artifice, discours grandiloquents des princes qui nous gouvernent ou de ceux qui y aspirent…Nous n’aurons pas de célébration éclatante du 70e anniversaire du Front Populaire.
Tout juste quelques timides propos, et de petites manifestations dignes d’un radio-crochet de canton de la France profonde. Pourtant à cette époque-là, c’était aussi le temps des espoirs et des promesses…
Usines occupées, liesses ouvrières, kermesse bon enfant : "On chantait, pas L'internationale. On chantait... des chants !... La sensation éprouvée était celle d'être chez soi, de rentrer en possession d'un bien sur lequel on a quelque droit parce qu'on y a quotidiennement des devoirs" rapporte Simone Weil, philosophe-ouvrière-occupante de l’usine où elle travaillait (La condition ouvrière).
Ce mouvement était né dans "l'état de grâce" des élections: il y avait eu tant de promesses : tout allait changer !
Les grèves de 1936, c'était la manifestation d’une volonté de rompre avec des pratiques qui faisaient des salariés des citoyens de seconde zone, démunis de pouvoirs réels dans l'organisation de leur travail, dans l'évolution de leur métier.
C’était selon le mot fort de Simone Weil, le souhait de pouvoir agir sur "les conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté".
Trop éloignés des réalités, politiciens, idéologues, grands bourgeois d’affaires et comités ne pouvaient comprendre ces besoins. Là où il fallait des réformes qualitatives, ils ont fait dans le quantitatif.
La semaine de 40h se substitue à la journée de 8 h. Les conventions collectives, légalisées depuis 1919, ne peuvent être désormais établies que par des commissions où les salariés sont représentés par des syndicats "officiels".
Les congés payés, que diverses entreprises et professions pratiquaient déjà, sont généralisés. Ni les accords de Matignon, ni ces différentes mesures ne font cesser les grèves, qui se prolongent au-delà des congés payés. Alors, comme on jette du grain pour apaiser la basse-cour, on achète le retour au calme par des hausses de salaires : « Il faut savoir arrêter une grève » déclare Maurice Thorez.
Il est des histoires qu’il faut démystifier. Le Front Populaire en fait partie.
1936, c'est aussi le moment où l’Allemagne mobilise toute son énergie pour accroître sa production : conquête de "l'espace vital" et "suprématie du 3e Reich" obligent. C’est le moment choisi pour proposer rêves de vie facile et loisirs, appuyés sur un pacifisme tout idéologique. A.Sauvy en a montré les fruits pour la France de 1939: la chute de la production - 25% en dix ans - et les importantes hausses de salaires accélèrent la montée des prix. Le pouvoir d'achat des salariés n'augmente pas ; il diminue pour bien des catégories, notamment pour les fonctionnaires, les ruraux et les petits épargnants.
Pour les « célébrations » de ce 70e anniversaire on aurait pu rappeler aussi les termes du serment qui lia le rassemblement éphémère de 1936: "Nous jurons... de défendre les libertés démocratiques,... de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et, au monde, la grande paix humaine".
Le pain, la paix, la liberté. Promesses ! Trois ans après, c'était la guerre la plus gigantesque que le monde ait connue, et, pour la France, la défaite la plus humiliante de son histoire, dans l'abandon de tous ceux qui l'y avaient conduite. Voilà pour la paix. C'était la pénurie dans des villes affamées et des campagnes réquisitionnées. Voilà pour le pain. C'était un million et demi de prisonniers, l'occupation, les otages, les déportations. Voilà pour la liberté. Quant au travail pour la jeunesse, restait le S.T.O...
L’histoire officielle ne pourra jamais effacer la vraie réalité des faits. Même s'il est idéologiquement incorrect d’en parler.
Tout juste quelques timides propos, et de petites manifestations dignes d’un radio-crochet de canton de la France profonde. Pourtant à cette époque-là, c’était aussi le temps des espoirs et des promesses…
Usines occupées, liesses ouvrières, kermesse bon enfant : "On chantait, pas L'internationale. On chantait... des chants !... La sensation éprouvée était celle d'être chez soi, de rentrer en possession d'un bien sur lequel on a quelque droit parce qu'on y a quotidiennement des devoirs" rapporte Simone Weil, philosophe-ouvrière-occupante de l’usine où elle travaillait (La condition ouvrière).
Ce mouvement était né dans "l'état de grâce" des élections: il y avait eu tant de promesses : tout allait changer !
Les grèves de 1936, c'était la manifestation d’une volonté de rompre avec des pratiques qui faisaient des salariés des citoyens de seconde zone, démunis de pouvoirs réels dans l'organisation de leur travail, dans l'évolution de leur métier.
C’était selon le mot fort de Simone Weil, le souhait de pouvoir agir sur "les conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté".
Trop éloignés des réalités, politiciens, idéologues, grands bourgeois d’affaires et comités ne pouvaient comprendre ces besoins. Là où il fallait des réformes qualitatives, ils ont fait dans le quantitatif.
La semaine de 40h se substitue à la journée de 8 h. Les conventions collectives, légalisées depuis 1919, ne peuvent être désormais établies que par des commissions où les salariés sont représentés par des syndicats "officiels".
Les congés payés, que diverses entreprises et professions pratiquaient déjà, sont généralisés. Ni les accords de Matignon, ni ces différentes mesures ne font cesser les grèves, qui se prolongent au-delà des congés payés. Alors, comme on jette du grain pour apaiser la basse-cour, on achète le retour au calme par des hausses de salaires : « Il faut savoir arrêter une grève » déclare Maurice Thorez.
Il est des histoires qu’il faut démystifier. Le Front Populaire en fait partie.
1936, c'est aussi le moment où l’Allemagne mobilise toute son énergie pour accroître sa production : conquête de "l'espace vital" et "suprématie du 3e Reich" obligent. C’est le moment choisi pour proposer rêves de vie facile et loisirs, appuyés sur un pacifisme tout idéologique. A.Sauvy en a montré les fruits pour la France de 1939: la chute de la production - 25% en dix ans - et les importantes hausses de salaires accélèrent la montée des prix. Le pouvoir d'achat des salariés n'augmente pas ; il diminue pour bien des catégories, notamment pour les fonctionnaires, les ruraux et les petits épargnants.
Pour les « célébrations » de ce 70e anniversaire on aurait pu rappeler aussi les termes du serment qui lia le rassemblement éphémère de 1936: "Nous jurons... de défendre les libertés démocratiques,... de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et, au monde, la grande paix humaine".
Le pain, la paix, la liberté. Promesses ! Trois ans après, c'était la guerre la plus gigantesque que le monde ait connue, et, pour la France, la défaite la plus humiliante de son histoire, dans l'abandon de tous ceux qui l'y avaient conduite. Voilà pour la paix. C'était la pénurie dans des villes affamées et des campagnes réquisitionnées. Voilà pour le pain. C'était un million et demi de prisonniers, l'occupation, les otages, les déportations. Voilà pour la liberté. Quant au travail pour la jeunesse, restait le S.T.O...
L’histoire officielle ne pourra jamais effacer la vraie réalité des faits. Même s'il est idéologiquement incorrect d’en parler.
Par J.H. | Avant | 26/11/2006 08:59 | Après | Actualités | aucun commentaire |