Diriger un équipage de 14 marins pendant 50 jours autour de la terre à une vitesse record sur un maxi catamaran, c'est aussi du management. Pour réussir une performance exceptionnelle, faut-il un manager exceptionnel ? Les marins sont gens peu bavards. Ils pratiquent l'art du compliment avec discrétion... Jacques Caraes fait ainsi le portrait de son ''patron'' Bruno Peyron, skipper du maxi catamaran Orange II, détenteur du trophée Jules Verne.

'' A l’arrivée, Bruno s’est réjoui d’avoir constitué une équipe de rêve. Je pense qu’il ne l’a pas construite par hasard. Il a cette faculté d’écouter et de faire confiance. Il l’a transmise à chacun de nous. Nous avions tous envie de bien faire, tout simplement parce que l’on se sentait responsable et du coup, respecté dans son domaine.

Souvent, les longues navigations finissent par créer des clivages. Ici on sort d’un exercice pas évident en soi. Mais le plaisir et la bonne humeur n’ont jamais été ébranlés. Si on devait repartir demain, la même équipe répondrait présente à 100%.

C’est très rare.

Quand nous sommes arrivés à Brest, il aurait pu faire le grand patron et s’arroger la barre en tant que skipper. Mais il a préféré la proposer au local de l’étape, Sébastien Audigane. Pour l’accostage au quai Malbert où nous attendaient la presse et les amis, il a laissé de la même façon Yves le Blevec coordonner la manœuvre d’appontement, comme il l’a toujours fait. Ces petites choses en disent beaucoup sur ce sacré personnage. Ce comportement, cette manière de faire confiance aux hommes qu’il a choisis est le signe d’un vrai capitaine.''


(Article publié dans Voile Magazine N°113, mai 2005)

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